Bribes de vie cachées, instants volés...

Un homme qui marche, un homme traqué. Traqué par une ombre, un désir et une vague. Traqué par le fond de son coeur, et par les réminiscences d'un passé enfui à jamais dans les limbes du temps. Un homme perdu....

La mort comme remède à une longue maladie, que dans les cénacles et les salons on nomme "dépression"..... un nom comme un autre pour décrire cette longue décrépitude du coeur et de l'âme, ce "no love's land", cette porte de l'Enfer comme la rive du Styx, le dernier fleuve avant la damnation.

Alors on court encore contre les fantômes et les ombres, on court contre soi-même, contre ce que l'on est au fond de soi, mais que l'on a toujours refusé de voir jusqu'à ce que la réalité s'impose à nous.

Lâcheté, bassesses? Non, décidément et définitivement non. C'est juste "une douleur [...] au creux d'un autre ailleurs" (Thiéfaine), c'est juste une page tâchée de sang et de cendres sur le grand livre de la vie....

Et l'homme traqué finit par atterrir là où finissent toutes les âmes perdues, au rendez-vous des paumés, dans une chambre blanche avec des médecins cafardeux et des congénères dangereux, pas besoin de faire un dessin je pense....

Lente résurrection jusqu'à la vie, lente renaissance jusqu'à l'espoir et une infime raison de vivre qui se déchire à la moindre larme, à la lumière du jour toujours cruelle. Toucher le fond pour mieux rebondir, pour mener à son terme la course pour l'essence de la vie, pour les sens à défaut d'autre chose.

Et vivre à nouveau sans oublier cette tâche sur son passé, cette blessure qui jamais ne guérira, ce sentiment dénué de toute forfanterie..... d'être un survivant.

Bien à vous, du fond de mon enfer,

Le Prince de Dité